IMAGE DE SOI
Tout d’abord, j’aimerais rappeler mon thème. Je souhaitais parler de l’image de soi, influencée par la société et les autres. J’ai choisi de traiter plus précisément de la femme pour pouvoir apporter une vision personnelle dans mon projet.
L’image de la femme est très influencée par la société. Je me suis donc concentrée sur l’impact de la société sur notre image de nous-mêmes. La femme est confrontée aux normes et aux idées reçues toute sa vie. Mais je pense que l’on peut définir des préoccupations majeures pour chaque tranche d’âge de la vie d’une femme. Elles nous sont plus ou moins inconsciemment transmises, imposées, par notre environnement de vie. La société est remplie d’idées prédéfinies qui se transmettent de génération en génération. J’ai donc représenté plusieurs tranches d’âge à travers 4 photographies de femmes montrant chacune des facteurs influençant notre vision de nous-même.
J’ai commencé par l’enfance. L’enfant est très influençable et cherche à se construire au milieu des figures qu’elle choisira, ou qu’on lui imposera, comme exemples à suivre. Elle cherchera à leur ressembler et s’identifiera à elles. C’est le début de la comparaison aux autres. Je placerais cela aux alentours de l’arrivée au collège, avec le jugement des autres autour de nous qui commence à nous atteindre. J’ai pour cela décidé de représenter une nouvelle source d’influence qui fait désormais partie intégrante de notre construction en tant que jeune femme, les réseaux sociaux. Nous y sommes confrontées de plus en plus jeunes et cela pose beaucoup de problèmes, causés en grande partie par notre immaturité, mais également par notre naïveté. Nous nous comparons alors à des “modèles de perfection” pour la plupart retouchés ou en tout cas manipulés. Nous posons une image sur ses “normes” inconsciemment acquises et nous nous comparons à ces images.
L’adolescence peut être une période critique pour les jeunes filles, nous nous comparons sans cesse aux autres et cherchons à toutes se ressembler afin de rentrer dans les « standards » sous-entendus par la société. Cette période est souvent compliquée mentalement, car notre confiance en nous est très facilement ébranlable. Jamais satisfaites, nous cherchons à trouver notre identité physique et psychologique.
Nous commençons à devenir vraiment une femme, une personne adulte, désirable, avec des responsabilités et une image à renvoyer. L’enfance touche à sa fin et les remises en question apparaissent. Peu de jeunes filles à cet âge s’acceptent. Nous rejetons notre corps et reprochons à la terre entière cette histoire de “morphologie”, en pensant qu’avec celle de la voisine, on serait bien mieux dans notre peau. En grandissant une réalité éclate : la voisine envie elle aussi la morphologie de quelqu’un d’autre… J’ai donc ici représenté toutes les expressions que j’ai moi-même prononcées ou entendues d’autrui. Des expressions qui nous atteignent, nous blessent et écorchent notre amour-propre. Je suis moi-même dans une situation d’inconfort vis à vis de mon corps depuis plusieurs années, et je sais que cela est lié en partie aux facteurs que j’évoque dans ce projet.
J’ai ensuite voulu montrer les impacts toujours présents dans la vie de femme, de mère… Effectivement, même en grandissant et en apprenant à prendre de la distance avec les normes et les avis d’autrui, nous sommes toujours guidées inconsciemment ou non, par la société. Ici, j’ai choisi de représenter l’influence des magazines typiques lus par les femmes. Les titres d’articles et les sujets traités sont très explicites sur les préoccupations féminines de cette tranche d’âge. Sans rentrer dans les détails de toutes les études autour de la place de la femme dans la société et les débats féministes, nous pouvons tout de même facilement constater que la femme est sans cesse confrontée à toutes sortes de normes et de clichés. Avec ce magazine on les repère assez rapidement, notamment sur son rôle dans le foyer, à travers des recettes, des conseils “maman” ou encore, sur son apparence physique.
Pour finir, j’ai voulu aborder une période très redoutée de la plupart des femmes : la vieillesse. Inconsciemment, nous voulons l’anticiper et la ralentir. Pour retarder ce processus inévitable, la société nous encourage à employer toutes sortes de “remèdes miracle” comme des colorations, des crèmes anti-âge… Les rides et les cheveux blancs sont catégoriquement vus comme quelque chose de laid et qui manque de féminité. J’ai donc choisi une femme qui assume complétement sa couleur naturellement changée pour contraster avec cette pub de coloration, spéciale cheveux blancs. J’ai décidé de centrer mon message autour des cheveux blancs qui sont pour moi un symbole de la passerelle entre ces deux tranches d’âge. C’est un changement qui va différencier les femmes qui assument et décident de vivre avec, et celles qui n’arrivent pas à accepter ce changement. Mais rappelons que la mentalité de ces dernières est tout simplement encore trop influencée par la société.
Toute cette influence est invisible et inconsciente parfois, mais les mentalités évoluent, les femmes en parlent et les hommes comprennent. Bien entendu, aucune généralité n’est possible, mais je tenais à parler des aspects parfois pesants à vivre au quotidien et qui ne sont pas forcément visibles ou conscients pour toutes. Je tiens à préciser que de nombreux clichés existent aussi autour de l’homme et que ce n’est pas forcément plus facile à vivre.